À partir du 1er avril 2023, la consigne sur les canettes sera en place. « Ce samedi, nous ferons à nouveau la fête, car il s’agit de la deuxième grande victoire dans ce dossier de longue haleine, après l’introduction de la consigne sur les petites bouteilles en plastique le 1er juillet 2021 », a déclaré Suze Govers, de Recycling Netwerk Benelux. « Mais, tout en étant heureux et fiers de ce résultat, nous trouvons regrettable que les consommateurs ne puissent plus récupérer leur consigne partout, et le montant de 15 centimes d’euro est également trop faible pour que le plus grand nombre possible de canettes soient rapportées. »
Les faits
Comme pour les bouteilles, les canettes feront l’objet d’une consigne de 15 centimes d’euro. Les consommateurs récupéreront ce montant lorsqu’ils rapporteront leur canette, par exemple au supermarché. Les Pays-Bas disposaient déjà d’une consigne sur les grandes bouteilles en PET (consigne de 25 centimes d’euro) et, depuis l’été 2021, une consigne est également en place sur les petites bouteilles en PET. Cette mesure a immédiatement entraîné une diminution significative de la part de ces bouteilles parmi les déchets sauvages.
En revanche, la part des canettes dans les déchets sauvages n’a fait qu’augmenter ces dernières années. Nous pensons qu’après l’introduction d’une consigne sur les canettes, nous assisterons aussi bientôt à une forte diminution, tout comme pour les bouteilles en plastique.
Points à améliorer
L’introduction d’une consigne sur les canettes n’est pas suffisante à elle seule. Le système doit de plus être mis en place correctement en tenant compte du consommateur afin de garantir que le plus grand nombre possible de canettes soient retournées.
Montant de la consigne trop faible
Nous pensons que le montant de la consigne de 15 centimes d’euro sur les canettes est trop faible. La consigne sur les canettes est une nouveauté pour les consommateurs et ils doivent s’y habituer. Un montant de consigne suffisant aide les gens à prendre conscience et à adopter de nouveaux comportements. En outre, le gouvernement néerlandais a inscrit dans la loi que 90 % des canettes (et des bouteilles) doivent être rapportées, et un montant de consigne suffisant y contribue.
En ce qui concerne les petites bouteilles en plastique soumises à une consigne de 15 centimes d’euro, moins de 90 % d’entre elles sont encore collectées. En Allemagne, la consigne est de 25 centimes d’euro pour tous les contenants de boissons et 98 % d’entre eux sont rapportés. Au même moment, si moins d’emballages de boissons sont retournés, les supermarchés doivent rendre moins de consigne que ce que les consommateurs payent. Ainsi, des faibles taux de retour se traduisent par des gains financiers pour les entreprises, au détriment des consommateurs.
Les consommateurs devraient pouvoir récupérer leur consigne dans beaucoup plus d’endroits
L’idée de la consigne est qu’en tant que consommateur, vous récupérez votre argent lorsque vous rapportez votre emballage de boisson. Or, ce n’est pas le cas dans de nombreux points de vente, comme les cinémas, les pharmacies et les parcs d’attractions. Dans ces lieux, vous pouvez tout au plus laisser votre bouteille, et bientôt votre canette, dans une poubelle spécifique, mais aucune consigne n’est versée en échange de ce bon comportement. L’industrie inclut ces lieux lorsqu’elle parle des plus de 27 000 points de collecte aux Pays-Bas, mais cela est trompeur car ils ne font pas réellement partie du système de consigne. Le fait qu’à tous les endroits où l’on peut acheter des bouteilles et des canettes, il n’y ait pas de remboursement de la consigne rend difficile pour les consommateurs de récupérer leur argent. C’est une mauvaise chose et cela nuit au fonctionnement du système de consigne – et donc à l’impact environnemental escompté.
Suze Govers : « Le gouvernement est conscient que le système de consigne des bouteilles en plastique ne fonctionne pas suffisamment bien et il est également conscient de ce qui doit changer, mais il ne prend pas les devants. Par conséquent, nous rencontrerons bientôt les mêmes problèmes avec les canettes ».
Retard
Selon la loi, la consigne sur les canettes aurait dû commencer le 31 décembre de l’année dernière. L’industrie avait presque deux ans pour mettre en place le système, mais elle a perdu plus d’un an en explorant d’abord la possibilité d’une collecte à l’extérieur des supermarchés. Peu après que ce plan ait été stoppé sous la pression politique et sociale et que la collecte dans les supermarchés ait été annoncée, l’industrie a déclaré qu’elle manquait de temps et qu’elle n’appliquerait pas la consigne sur les canettes avant le 1er avril 2023. Le gouvernement n’a pas voulu suivre l’annonce de l’industrie, mais a dû plier face à l’industrie, après que le Conseil d’État ait jugé plausible la contrainte temporelle avancée par l’industrie.
Une rétrospective
La consigne est un dossier de longue haleine aux Pays-Bas. Il n’aura pas fallu moins de 20 ans aux gouvernements successifs pour décider d’étendre la consigne – et, dans un premier temps, uniquement pour les petites bouteilles en plastique. Avec beaucoup d’autres – organisations environnementales, municipalités, organisations de consommateurs, ramasseurs de déchets individuels et membres du Parlement – nous nous battons pour cette expansion en faveur de l’environnment depuis des années. Nous aimerions revenir sur certains des moments qui ont contribué à la décision finale d’introduire également la consigne sur les canettes.
La soupe de plastique ? Les canettes contiennent également du plastique
Lorsque la secrétaire d’État Stientje van Veldhoven (D66) a étendu le système de consigne aux petites bouteilles en plastique en mars 2018, les critiques fusaient sur le fait que les canettes ait été laissées de côté. Van Veldhoven avait alors indiqué qu’elle se concentrait exclusivement sur les bouteilles, principalement en raison de « l’urgence de la soupe au plastique ». Le 1er juillet 2019, Recycling Netwerk publiait une vidéo dans laquelle elle montrait que les canettes contiennent également du plastique. Cela a contribué à remettre la consignes sur les canettes à l’ordre du jour politique.
La souffrance des vaches et le revirement du CDA
Lorsqu’une étude commandée par Recycling Netwerk Benelux a montré que des milliers de vaches tombent malades et meurent chaque année à cause des déchets et que les canettes jouent un rôle majeur dans cette situation, la fédération d’agriculteurs LTO a rejoint l’Alliance pour la Consigne. Ce soutien et ces recherches ont ainsi provoqué un revirement au sein du CDA (Appel chrétien-démocrate), sous l’impulsion de Maurits von Martels, porte-parole de l’économie circulaire et éleveur de vaches laitières. Avec ChristenUnie et D66, le CDA a alors déposé une motion qui a finalement étayé la décision en faveur de la consigne sur les canettes.
L’encouragement social a accéléré la décision
Depuis la fin de l’année 2017, l’Alliance pour la Consigne, qui connaît une croissance très rapide, demande l’introduction de la consigne sur l’ensemble des bouteilles en plastique et canettes. Parmi les plus de 1 300 partenaires se réunissent pas moins de 98 % des municipalités néerlandaises. Lorsqu’il est devenu évident qu’une décision sur les canettes ne serait prise que par le gouvernement suivant, l’Alliance pour la Consigne a lancé une campagne ciblée pour appeler à cette introduction : « La consigne, Yes We Can !« . Les entreprises, organisations et municipalités participantes ont utilisé des affiches colorées pour encourager le gouvernement – et plus particulièrement la secrétaire d’État de l’époque, M. Van Veldhoven – à prendre une décision en faveur de la consigne sur les canettes au cours de cette législature. Dans des vidéos, les députés Cem Laçin (SP), Carla Dik-Faber (ChristenUnie) et, plus tard, Maurits von Martels (CDA), ainsi que Sandra Molenaar, directrice de l’Association des consommateurs, ont également applaudi Mme Van Veldhoven pour qu’elle prenne elle-même la décision, ce qui s’est produit.