Chloé Schwizgebel, coordinatrice de projet Consigne Belgique, Fair Resource Foundation
Tycho Van Hauwaert, responsable politiques industrielles Bond Beter Leefmilieu
Le point de départ est clair : le gouvernement flamand a décidé de s’attaquer à l’excès de déchets dans la nature et dans les rues par le biais de la consigne sur les canettes et les bouteilles en plastique. En 2021, pas moins de 18 171 tonnes de déchets ont été collectées, ce qui est loin de l’objectif de 20 % de déchets en moins par rapport à 2015. C’est ainsi que la ministre de l’environnement, Zuhal Demir, a elle-même déclaré que « la consigne est inévitable ». Puis, sous la pression de l’industrie de l’emballage, une période d’essai d’un an a été autorisée par la ministre de l’environnement pour tester une alternative numérique.
Communication maladroite de l’OVAM
La semaine dernière, l’OVAM a déclaré dans un communiqué de presse que les projets pilotes menés à Center Parks et à Bobbejaanland avaient eu « un impact » et que le système semblait fonctionner sur le plan technique. Cependant, il est difficile de savoir de quel « impact » il s’agit exactement, car la conclusion est très éloignée de la réalité des résultats, que le comité de suivi lui-même n’a pas encore été en mesure d’évaluer.
Pourtant, ni les coûts ni les efforts ne semblent avoir été épargnés : des canettes spéciales avec un code QR (comment et à quel prix, nul ne le sait), des poubelles PMC à côté des poubelles de déchets résiduels, une nouvelle application et même des scanners à domicile, sans oublier des dizaines de membres du personnel mobilisés sur place pour expliquer aux visiteurs le fonctionnement du système numérique.
Mais tous ces investissements n’ont pas permis de répondre à la question la plus importante : ce système numérique réduit-il les déchets sauvages ? L’agence indépendante engagée pour l’occasion n’a constaté aucune réduction significative. En outre, le rapport et la méthode de recherche présentent de nombreuses lacunes : à Bobbejaanland, le nombre de visiteurs n’a pas été communiqué, les volumes de consommation n’ont pas été étudiés et la mesure de référence a eu lieu pendant un week-end très chaud, au cours duquel le nombre de boissons consommées – et donc de déchets d’emballage – était bien plus élevé. Au Center Parks De Haan, les quantités étaient trop faibles pour conclure quoi que ce soit. En outre, malgré les affirmations de l’industrie, le nombre d’utilisateurs du système est resté très limité : moins d’un visiteur sur quatre s’est montré disposé à participer. Comment un système peut-il réussir s’il ne motive pas les gens à participer dès le départ ?
Fin de la récréation , l’heure de la décision a sonné
D’ici la fin du mois, l’OVAM doit remettre son rapport sur les projets pilotes. Mais la discussion sur la consigne ne s’arrête pas là. Les représentants du peuple et le groupe de réflexion seront également entendus dans le rapport consultatif final. La ministre Demir avait déjà annoncé qu’elle prendrait une décision à ce sujet d’ici la fin de l’année. Le mercredi 22 novembre 2023, elle a souligné son choix en séance plénière : « Pour moi, ce choix est simple : facile, convivial et moins de déchets« .
Les applaudissements en plénière lors de l’appel à opter enfin pour un système classique ont souligné le soutien des députés. Seul Open Vld semble encore être derrière le système « innovant » proposé par l’industrie. Mais une innovation qui ne nettoie pas nos rues, quel intérêt ?
À Bruxelles et en Wallonie, la recherche d’un système de consigne adapté est plus ciblée. La Wallonie a mené une étude pour comparer les systèmes de consigne. Sur la base des résultats préliminaires, la Wallonie a déjà donné sa préférence au système classique en juillet, tout comme Bruxelles. Les résultats définitifs de cette étude sont également attendus dans les semaines à venir. En tout état de cause, les trois régions devront se mettre d’accord sur le déploiement d’un système de consigne d’ici 2025. L’agrément de Fost Plus en tant qu’organisme de gestion des déchets d’emballages ménagers (PRO), qui doit être renouvelé par les trois régions à la fin de l’année, constituera une étape importante dans ce processus. Celui-ci doit inclure une vision claire sur la gestion des déchets sauvages et l’approche par la consigne.
Soutien pour 2025
Actuellement, beaucoup d’argent a déjà été dépensé pour essayer de prouver qu’un système de consigne numérique fonctionne. Les résultats demeurent décevants.
S’il y a bien une chose que les projets pilotes ont permis, c’est de réunir d’importantes parties prenantes – les Villes et Communes flamandes, les organisations de consommateurs et de protection de l’environnement, les petits producteurs et même le secteur de l’hôtellerie et de la restauration. Ils ont réfléchi ensemble au futur système de consigne belge. Et ce groupe de nouveaux experts ne cesse de croître. Tout comme les nombreux pays européens qui montrent depuis longtemps la voie d’une consigne efficace : la reprise des canettes et des bouteilles dans les magasins.
Cette solution, le système de consigne classique, est également privilégiée par les collectivités locales et les citoyens. Il est temps de cesser de résister. Le gouvernement flamand doit choisir ce que les citoyens veulent et ce qu’on leur a promis : un système qui s’attaque réellement au problème des déchets sauvages. Tout autre choix est une occasion manquée.