La politique flamande en matière de déchets : un vœu pieu dans une nuit d’été

by Rob Buurman | 9 août 2018

Alors que huit Flamands sur dix et la moitié des communes flamandes réclament l’introduction de la consigne, le gouvernement flamand laisse encore le chat hors de l’arbre. Accompagné par les appels de trompette des supermarchés et des producteurs de boissons. Elle a une nouvelle fois reporté la décision sur l’introduction de la consigne.

Le gouvernement a présenté avec bon goût son nouveau plan de gestion des déchets comme étant progressif et très important. Un taux de collecte et de recyclage de 90 % pour les emballages de boissons d’ici 2022, et dans le cas contraire, des amendes élevées pour les entreprises. En fait, ça sonne plutôt bien, non ?

Business as usual

Mais quelle quantité d’emballages de boissons est réellement recyclée aujourd’hui ? Nous avons effectué notre propre analyse sur la base des travaux d’étude de l’OVAM et de cabinets de recherche professionnels. Elle montre que seuls 61 à 67 % des bouteilles en plastique sont effectivement recyclées. Des canettes, seulement 65 %, selon Recover, partenariat de municipalités et d’intercommunalités de déchets.

Chaque année, Fost Plus publie de nouveaux chiffres sur le recyclage au nom de l’industrie de l’emballage. Pour 2017, le gestionnaire des déchets revendique un taux de recyclage de 87,7 % pour les bouteilles en PET, de 91 % pour les briques à boisson et de 102 % pour les emballages métalliques, y compris les canettes. Surestimation de la réalité. Mais la structure de la politique est telle que l’autodéclaration de l’industrie est prépondérante dans la détermination du taux de recyclage officiel.

L’objectif difficile de 90 % fixé par Bourgeois et Cie semble donc être un grand pas en avant, mais il est déjà une réalité anno 2018, selon les entreprises. Les entreprises s’en tiendront avec confiance au statu quo.

Il est naïf de penser que les sociétés de boissons et les supermarchés réduiront les déchets sauvages aussi efficacement sans consigne. Alors, qu’est-ce qui va changer exactement d’ici à 2023 ? Nous cherchons en vain un objectif de réduction des déchets dans le plan de gestion des déchets. Occasion manquée.

Nous avons lu que le gouvernement flamand allait interdire la fourniture gratuite de sacs en plastique. Mais cela a déjà été décidé au niveau européen. En effet, la Wallonie et Bruxelles ont déjà une longueur d’avance. Ils ont catégoriquement interdit les sacs en plastique. La Flandre ne fait pas plus que le minimum requis.

De la Commission européenne aux municipalités flamandes

C’est alors que la dynamique mondiale se met en place. La Commission européenne fait pression pour que les produits en plastique à usage unique soient interdits. Même pour les pays qui ne recyclent rien actuellement, elle exige une collecte sélective de 90 % des bouteilles et des canettes, ce qui n’est possible dans les faits que grâce aux consignes. Le gouvernement conservateur du Royaume-Uni fait en sorte que cela se produise. Même Coca-Cola a publié cette semaine 11 principes pour un bon système de consigne sur l’île britannique.

Et que fait la Flandre ? Face à la quantité de déchets sauvages, la plupart des responsables politiques locaux ont déjà compris l’urgence. 168 communes flamandes, ainsi qu’une centaine d’organisations flamandes, demandent que la consigne soit rapidement introduite. Si une majorité écrasante de la population souhaite une mesure environnementale, il est difficile de comprendre pourquoi il faut attendre cinq ans.

En attendant, les déchets ne diminueront pas dans les mois et les années à venir. Avec l’augmentation de la consommation sur la route, nous continuerons à voir des canettes et des bouteilles sur le bord des routes. La facture annuelle de nettoyage de 164 millions d’euros continuera d’augmenter. Cela se passe devant la porte de tout le monde. L’aspect de la commune, la pollution de nos plages, ce sont des questions qui concernent le cadre de vie de chacun.

Tant que les déchets sauvages souilleront les rues, les champs et les plages, les Flamands continueront à réclamer des solutions efficaces telles que la consigne. Tant que des morceaux d’étain rendront les vaches malades, les éleveurs s’agiteront. Le sujet fera donc l’objet de débats passionnants lors des campagnes pour les conseils municipaux et le prochain gouvernement flamand.

Rob Buurman & Tom Zoete

Le journal De Morgen a publié cet avis le 21 juillet.

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