Les géants français de la boisson et les supermarchés soutiennent le système de consigne

par Rob Buurman | 11 juillet 2019

Analyse

Les branches françaises de Coca Cola Europe, Pepsi, Red Bull, Danone, Evian, Nestlé, en compagnie des eaux Vittel et Perrier, ont publié dimanche une lettre ouverte dans le journal Le Journal du Dimanche par l’intermédiaire de leurs fédérations. La fédération des supermarchés, « Fédération du commerce et de la distribution« , a également signé. Cela inclut les chaînes de supermarchés opérant en Belgique ou aux Pays-Bas : Aldi, Lidl, Carrefour, Spar et Colruyt.

Intitulée « La consigne pour le recyclage des emballages de boissons est nécessaire pour une économie véritablement circulaire« , les producteurs de boissons et les supermarchés écrivent que la consigne est nécessaire pour atteindre assez rapidement l’objectif européen et national de 90 % de collecte sélective.

Review

« Pendant des mois, nous avons analysé les résultats des différents systèmes européens et modélisé différents scénarios. En conséquence, il est apparu que seuls les pays qui ont adopté un système de consigne ont atteint, voire dépassé, l’objectif de 90% de collecte. En Finlande, 91% des bouteilles en PET sont retournées ; 90% au Danemark et 97% en Allemagne. Cette réalité oblige la France à se pencher sérieusement vers cette solution« , écrivent les producteurs de boissons et les supermarchés français dans le Journal du Dimanche.

La lettre a été signée par les présidents des différentes fédérations et associations industrielles. Ceux-ci comptent parmi leurs membres les grandes marques de l’industrie des boissons et les supermarchés.

Le fait que les géants français des boissons et les chaînes de supermarchés se rendent compte qu’ils ne peuvent atteindre l’objectif qu’avec la consigne est une révolution dans l’industrie des boissons et le secteur des supermarchés en Europe. Jusqu’à présent, la plupart des (fédérations de) producteurs de boissons et des supermarchés affirmaient « ne pas croire » à la consigne comme solution. C’est également la rengaine de Afvalfonds et Fost Plus, les organisations néerlandaise et belge de responsabilité des producteurs.

L’analyse des multinationales françaises sur les différents systèmes des pays européens est donc désormais solide et s’oppose aux  systèmes de collecte néerlandais et belge (le « sac bleu »), promu respectivement par l’Afvalfonds et Fost Plus. En effet, les industriels français concluent, après des mois de recherche, que « seuls les pays qui ont adopté un système de consigne atteignent et même dépassent l’objectif de 90% de collecte« . Pas les Pays-Bas, pas la Belgique.

Exemple pour les Pays-Bas et la Belgique

Par cette lettre, les entreprises françaises expriment leur soutien à la Loi Anti-Gaspillage pour l’Economie Circulaire (AGEC), que la secrétaire d’État française à l’environnement Brune Poirson a présentée au Conseil des ministres français mercredi. Madame Poirson est ministre d’En Marche, le parti du président français Emmanuel Macron. « Le soutien des producteurs de boissons et des supermarchés français est une avancée majeure dans la lutte contre la soupe au plastique et les déchets sauvages« , a répondu l’organisation environnementale Recycling Netwerk Benelux.

« Nous espérons que les dirigeants français de Coca-Cola, Danone, Nestlé, Carrefour et des autres multinationales partageront leur position et analyse en faveur de la consigne avec leurs collègues néerlandais et belges. En effet, il n’y a pas de différences significatives entre les marchés des boissons français, belge ou néerlandais. La Belgique et les Pays-Bas doivent également atteindre les objectifs européens. Maintenant que les producteurs de boissons et les supermarchés français veulent faire le pas vers la consigne, il est logique que leurs collègues des Pays-Bas et de Belgique s’engagent également en faveur de cette mesure environnementale », a déclaré l’organisation environnementale.

Il faut maintenant voir si les producteurs de boissons et les supermarchés des Pays-Bas et de la Belgique se prononceront également en faveur de la consigne. Après tout, leurs emballages de boissons finissent souvent parmi les déchets sauvages.

Fost Plus, l’ASBL représentant les producteurs d’emballage, estime à 82,9 % le taux de recyclage des bouteilles et flacons en plastique en Belgique. Mais les recherches menées par Recycling Netwerk montrent qu’en Belgique, en réalité, un maximum de 61,2 % à 67,2 % des bouteilles en plastique est recyclé. Une étude menée par Recover a confirmé ce fait, concluant que le recyclage des bouteilles en PET n’est que de 51 %.

Consommation durable

Les multinationales françaises soulignent également dans leur lettre ouverte que 91% des Français soutiennent la consigne. « De plus en plus de consommateurs veulent consommer de manière durable. Ils attendent des producteurs de boissons et des supermarchés qu’ils mettent en place la consigne pour limiter les dommages environnementaux de leurs produits », répond Recycling Netwerk. « Il est certain que soutenir la consigne donnera un grand coup de pouce à l’image des producteurs de boissons et des supermarchés français en faveur de l’environnement. Si les géants de la boisson et les supermarchés belges et néerlandais ne prennent pas le train en marche, cela pourrait leur porter préjudice sur le marché de la bière, des boissons gazeuses et des eaux », analyse l’organisation environnementale.

En effet, il existe également une forte demande pour l’introduction de la consigne parmi les consommateurs en Belgique et aux Pays-Bas. Huit personnes sur dix se déclarent favorables à la consigne sur les bouteilles et canettes.

L’Alliance pour la Consigne, la coalition qui représente les municipalités, villes, entreprises et organisations belges et néerlandaises, et qui demande aux gouvernements néerlandais et belge d’introduire la consigne, compte déjà plus de 900 partenaires seulement un an et demi après sa création.

La Belgique est isolée

Les Pays-Bas pourraient devrait bientôt s’ouvrir à la consigne sur les petites bouteilles en plastique, mais la Belgique en particulier est de plus en plus isolée. Au Royaume-Uni et en France, on observe un mouvement de l’industrie en faveur de la consigne, tandis qu’en Belgique, l’industrie et le gouvernement s’en tiennent au système dépassé qu’est le « sac bleu ». Cela signifie un recyclage de moins bonne qualité, alors que dans d’autres pays, les investissements dans le recyclage décollent et conduisent à un recyclage de bouteille-à-bouteille de haute qualité.

« Les entreprises françaises ont compris qu’elles devaient agir pour sortir de la soupe de plastique. Tous les regards sont désormais tournés vers les producteurs de boissons et les supermarchés belges et néerlandais », conclut Recycling Netwerk.

Plus d’informations :

Signataires de la lettre ouverte dans Le Journal du Dimanche

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