L’industrie de l’emballage souhaite payer moins, alors que les déchets sauvages ne cessent d’augmenter

par Chloe Schwizgebel | 17 octobre 2025

Mardi, les résultats du suivi des déchets sauvages en Flandre ont été publiés : une augmentation de 5,3 % en seulement un an. Pourtant, l’industrie se plaint que la redevance qu’elle va devoir verser aux autorités locales pour nettoyer ces déchets sauvages est trop élevée. C’est le monde à l’envers !

Nous nous éloignons de plus en plus d’une Flandre propre

Le rapport 2024 de l’OVAM sur les déchets sauvages est clair : la Flandre ne devient pas plus propre. Malgré un objectif clair de réduction des déchets sauvages de 20 % entre 2023 et 2030, ceux-ci ont augmenté de 5,3 % en seulement un an (6 969 tonnes contre un objectif de 5 297 tonnes d’ici 2030). Cet objectif est issu du nouveau Plan local des matériaux 2023-2030 et a été fixé en remplacement de l’objectif initial qui était de réduire les déchets sauvages de 20 % entre 2015 et 2023. Un objectif qui n’a pas été atteint et qui a été balayé sous le tapis. En 2022, l’ancienne ministre de l’environnement Zuhal Demir (N-VA) avait même promis qu’un système de consigne serait introduit suite aux mauvais résultats obtenus en matière de des déchets sauvages. Une longue histoire de promesses vides et d’objectifs manqués.

Un objectif qui n’a pas été atteint et qui a donc été balayé sous le tapis. Les poubelles de rue débordent également, avec une augmentation de 26,4 % des déchets jetés à la va-vite, ce qui montre l’ampleur du problème des déchets. La redevance sur les déchets sauvages est donc essentielle pour soutenir le travail acharné des autorités locales.

Entre-temps, l’industrie a fait pression pour réduire la redevance sur les déchets sauvages. Elle estime que cette redevance est trop élevée. Or, celle-ci est calculée sur la base des coûts réels supportés par les autorités locales. Cette contribution ne couvre même pas tous les coûts liés aux déchets sauvages pour les autorités locales flamandes, et donc pour le contribuable. De plus, l’industrie de l’emballage a économisé à elle seule 465 millions d’euros en s’opposant à cette mesure.

La contribution aux collectivités locales, fixée par les trois gouvernements régionaux en juillet dernier, devra finalement être versée en 2025, après deux années de compensation perdue.

Politique de l’autruche

Au lieu de travailler à des solutions concrètes, l’industrie préfère réduire et reporter la redevance sur les déchets sauvages, tout en cherchant à obtenir des avantages dans d’autres domaines, par exemple en demandant une réduction de la taxe fédérale sur les emballages. C’est une bonne chose pour le portefeuille de l’industrie, mais pas pour la propreté des rues, car cette taxe fédérale encourage l’utilisation d’emballages réutilisables.

L’industrie de l’emballage ferait mieux de s’atteler à la mise en place d’un système de consigne sur les bouteilles en plastique et les canettes, étant donné que le nouvel accord de coopération prévoit une réduction de 25 % de la taxe sur les déchets sauvages (25,5 millions d’euros pour les emballages !) après la première année complète où un système de consigne sera en place, et une réduction de 5 % par an pendant six années supplémentaires.

 

Mais l’industrie n’est pas la seule à rester inactive. Le gouvernement flamand reporte également l’introduction de la consigne, bien que celle-ci soit « inévitable » selon l’actuel ministre de l’Environnement flamand, Jo Brouns. Auparavant, le gouvernement avait également pris son temps pour approuver la taxe sur les déchets sauvages. Entre-temps, le ministre Brouns se félicite de l’augmentation du nombre d’amendes GAS infligées pendant la Week van de Handhaving, (« Semaine de l’application de la loi ») alors que ces amendes ne constituent clairement pas une solution durable contre les déchets sauvages.

Le problème des déchets sauvages nécessite des mesures radicales

L’augmentation des amendes GAS, la prévention et les campagnes annuelles de nettoyage ne sont manifestement pas suffisamment efficaces pour résoudre le problème des déchets sauvages et permettre à la Flandre de se rapprocher de son objectif. Nous demandons donc aux décideurs politiques flamands de prendre leurs responsabilités et :

  • D’introduire sans plus tarder la redevance sur les déchets sauvages au niveau fixé en juillet ;
  • De mettre en place un système de consigne pour les bouteilles en plastique et les canettes afin de réduire leur présence dans les déchets sauvages ;
  • Mettre l’accent sur la prévention et encourager l’utilisation d’emballages réutilisables plutôt que jetables, au moyen de taxes locales sur l’usage unique, comme à Tübingen (Allemagne) par exemple.

Les coûts liés aux déchets sauvages diminuent, la Flandre devient enfin plus propre : gagnant-gagnant !

Fotocredit: Saskia Risseuw

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