Crédit photo: Saskia Risseeuw
Pour lutter contre les déchets sauvages, les gouvernements flamand, bruxellois et wallon souhaitent introduire la consigne en 2025. Une décision en ce sens doit être prise d’ici fin 2023. Suite à cela, Fost Plus, Comeos et Fevia ont récemment commencé à promouvoir une soi-disant « consigne numérique ». Comme la consigne numérique est une idée qui n’a pas fait ses preuves et qu’elle est controversée, Recycling Netwerk Benelux a demandé au bureau d’étude Eunomia de l’examiner de manière critique.
L’année dernière, une partie de l’industrie belge a lancé l’idée d’une consigne numérique. Avec ce concept, les consommateurs doivent utiliser leur smartphone pour scanner un code QR sur leur emballage avant de le mettre dans le sac bleu, qui comporterait aussi un code QR à scanner. Avec un nouveau système informatique, un lien avec un compte bancaire et le recours à des poubelles publiques ‘bleues’ additionnelles dotées de codes QR, les consommateurs devraient ainsi pouvoir récupérer leur consigne à la maison et ‘on-the-go’.
La consigne numérique a également été discutée dans d’autres pays et des tests ont été effectués au Pays de Galles mais, pour l’instant, seuls les systèmes de consigne avec collecte en supermarchés ont été mis en place avec succès en Europe. L’industrie belge a ainsi confié au bureau d’étude PriceWaterhouseCoopers la tâche de démontrer que la consigne numérique est “meilleure que le système classique”. Cette étude, qui a été accueillie de manière critique, est longtemps restée secrète, jusqu’à ce que la ministre Zuhal Demir décide, de sa propre initiative, de la rendre publique.
Structure de l’étude
Recycling Netwerk a donc demandé à Eunomia de mener une étude sur ce concept de consigne numérique. Plusieurs acteurs, dont l’industrie belge, prétendent que cette forme de consigne serait moins chère, plus pratique pour les consommateurs et efficace pour lutter contre les déchets sauvages. Des allégations sont également faites sur la qualité du recyclage et les possibilités de mise en place du système.
L’étude d’Eunomia testera ces affirmations. Elle examinera notamment :
- la faisabilité technique du système, en questionnant s’il pourrait être mis en place d’ici 2025, comme l’ont décidé les trois gouvernements régionaux ;
- l’accessibilité et la simplicité d’utilisation pour les consommateurs, ainsi que la protection de la vie privée et la sécurité du système ;
- les avantages environnementaux escomptés. Le système contribuerait-il autant à la lutte contre les déchets sauvages que le système classique ? Permettrait-t-il le recyclage en circuit fermé des bouteilles en plastique et des canettes, tout comme la consigne classique ? Le système contribuerait-t-il également à la transition vers des emballages réutilisables ?
Ces questions constituent autant de défis qui doivent être relevés avant que le système ne puisse être mis en place.
Les chercheurs d’Eunomia conduiront également des interviews avec diverses parties prenantes, telles que les entreprises, les gouvernements et les acteurs sociaux. Une fois terminée, l’étude sera rendue publique dans son intégralité. Elle sera publiée vers août-septembre cette année.
Développements européens
La décision d’introduire la consigne d’ici 2025 s’inscrit dans une tendance européenne plus large d’un mouvement vers la consigne, de plus en plus de pays suivant l’exemple de l’Allemagne et des pays scandinaves. Cette évolution est en partie due à la réglementation européenne. En effet, la directive sur les plastiques à usage unique exige que les pays de l’UE collectent 90 % des bouteilles en plastique de manière séparée, ce qui ne peut être réalisé qu’avec la consigne. Le système actuel des sacs bleus ne permet pas d’atteindre cet objectif.
En outre, le prochain règlement sur les emballages et déchets d’emballages (PPWR), qui est en cours de négociation à Bruxelles, vise à introduire la consigne sur les bouteilles en plastique et les canettes dans toute l’Europe. Le règlement prévoit également des objectifs pour le passage à davantage d’emballages réutilisables et des règles visant à garantir que les systèmes de consigne soien facilement accessibles pour les emballages réutilisables.
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Chloé Schwizgebel, chloe@fairresourcefoundation.org
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