Étude : la lutte contre les déchets sauvages aide principalement les fabricants de produits jetables

by Chloe Schwizgebel | 17 janvier 2024

Chaque région du pays a une politique différente en matière de déchets sauvages. La Flandre s’est fixé un objectif de -20% pour 2022 par rapport à 2015, qui n’a pas été atteint. En Wallonie et à Bruxelles, les accords sur les déchets sauvages sont moins bien formulés et ne font pas l’objet d’une mesure de qualité.


Rapport complet (EN)

Chaque région du pays a une politique différente en matière de déchets sauvages. La Flandre s’est fixé un objectif de -20% pour 2022 par rapport à 2015, qui n’a pas été atteint. En Wallonie et à Bruxelles, les accords sur les déchets sauvages sont moins bien formulés et ne font pas l’objet d’une mesure adaptée. Aucune région ne s’attaque aux déchets sauvages à la source.

Ces dernières années, les entreprises ont également payé très peu pour les déchets sauvages qu’elles causent. Pour la Flandre, le chiffre est de 9,6 millions d’euros, alors que les coûts de nettoyage s’élèvent à 161 millions d’euros. La plupart des coûts sont supportés par les Villes et les Communes.

Rob Buurman, directeur de Recycling Netwerk : « On parle beaucoup des déchets sauvages, mais l’approche se limite à des actions de nettoyage et à des campagnes de communication. Les actions de nettoyage sont des initiatives précieuses si les bénévoles s’y investissent, mais nous attendons aussi des pouvoirs publics une politique efficace ».

L’étude sur les déchets sauvages est la troisième d’une série de rapport sur la responsabilité des producteurs en Belgique et a été réalisée par la consultante Maxine Von Eye. Ci-dessous, nous nous concentrons sur quatre leçons cruciales tirées du rapport.

Leçon 1 : se concentrer sur les déchets sauvages, pas sur les citoyens

Les politiques sont principalement axées sur la sensibilisation des citoyens, tandis que les producteurs peuvent continuer à vendre de plus en plus d’emballages jetables. 75 % des nos déchets sauvages sont constitués d’emballages jetables, mais les producteurs ne sont pas tenus responsables. L’approche actuelle en matière de déchets sauvages bénéficie principalement à l’industrie.

Proposition : la gestion des déchets sauvages devrait suivre la « hiérarchie des déchets” : prévention et réemploi des emballages devraient être prioritaires. Les emballages à usage unique doivent être remplacés par des emballages réutilisables, notamment pour le take-away. Si des emballages jetables sont encore utilisés, ils doivent être mieux collectés, par exemple grâce à un système de consigne.

Leçon 2 : améliorer la mesure des déchets sauvages 

Certains indicateurs montrent que les déchets sauvages sont un problème plus important en Wallonie et surtout à Bruxelles qu’en Flandre, mais il n’y a pas de mesure et de suivi adéquats.

Proposition : la Wallonie et Bruxelles peuvent s’inspirer de la méthodologie de mesure détaillée de la Flandre pour cartographier les déchets sauvages, à la fois en termes de coûts de nettoyage que de quantités. L’harmonisation et la justesse de la mesure sont également importantes, car les producteurs d’emballages paient une partie des coûts liés aux déchets sauvages.

Leçon 3 : laisser l’industrie payer pour les déchets sauvages, mais réduire son emprise

Des organisations telles que Mooimakers ( qui relève du gouvernement) en Flandre et Be WaPP en Wallonie sont en grande partie financées et dirigées par l’industrie de l’emballage. Le comité de pilotage de Mooimakers, par exemple, est composé de représentants de Comeos, Fevia et Fost Plus. Il n’est donc pas étonnant que seules des campagnes qui bénéficient aux entreprises soient mises en place.

Proposition : il faut réduire le contrôle de l’industrie de l’emballage sur la politique en matière de déchets sauvages. Laisser les fabricants payer l’intégralité des coûts si leurs emballages se retrouvent parmi les déchets sauvages. Si ces derniers diminuent, les coûts doivent également diminuer. Selon l’accord de coopération sur les déchets sauvages et la REP en cours de conclusion entre la Flandre, Bruxelles et la Wallonie, ces coûts peuvent diminuer très fortement si une consigne est introduite et que les déchets sauvages diminuent.

Leçon 4 : mettre fin aux projets pilotes inutiles et s’engager en faveur de solutions qui ont fait leurs preuves

L’étude a également évalué le projet pilote “Le Click ». Ce système de récompense de l’industrie a été mis en place dans 12 villes et municipalités. À Anvers, le projet a été abandonné car il n’avait aucun effet sur les déchets sauvages. L’étude montre que Le Click n’a pas non plus d’impact significatif sur les déchets sauvages dans les autres villes.

Proposition : il faut mettre en place des solutions qui ont fait leurs preuves contre les déchets sauvages, comme un système de consigne classique qui permet déjà de réduire les déchets sauvages de plusieurs dizaines de pourcent.


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