L’interdiction d’exports de déchets plastique depuis l’Europe se rapproche 

by Janine Roling | 2 décembre 2022

La commission de l’environnement a adopté aujourd’hui la proposition révisée du Waste Shipment Regulation par 76 voix pour, 0 contre et 5 abstentions. Le mouvement environnemental européen, dont Rethink Plastic et BFFP, a travaillé sans relâche ces dernières années pour convaincre la commission de l’environnement de la nécessité de cette interdiction.

Pendant des décennies, les États membres de l’Union européenne ont exporté la plupart de leurs déchets vers la Chine. Cette situation a pris fin en 2018 lorsque la Chine a imposé une interdiction d’importation. En conséquence, les exportations européennes de déchets se sont déplacées vers les pays d’Asie du Sud-Est et plus récemment vers la Turquie. L’Europe exporte encore une grande quantité de déchets vers d’autres continents : 32,7 millions de tonnes en 2020. En ce qui concerne spécifiquement les déchets plastiques, ils représentaient 1 135 millions de kilos en 2021, dont 43 % dans les pays non membres de l’OCDE et 35 % en Turquie. Depuis, certains États membres européens n’ont fait qu’augmenter leurs exportations de déchets plastiques.

Le texte adopté aujourd’hui par la commission de l’environnement stipule qu’il n’est plus possible d’exporter des déchets plastiques vers des pays non membres de l’OCDE. Les exportations de déchets plastiques vers les pays de l’OCDE doivent également être supprimées dans un délai de quatre ans.

Le rapport envisage également d’interdire l’exportation de déchets dangereux vers des pays non membres de l’OCDE. Cela implique davantage de flux de déchets que les déchets plastiques seuls. L’exportation de déchets non dangereux vers des pays non membres de l’OCDE ne serait autorisée que si ces pays donnent leur consentement et démontrent qu’ils peuvent les éliminer de manière durable.

Pourquoi cette interdiction est-elle si importante ?

L’organisation environnementale Recycling Netwerk Benelux demande depuis des années l’interdiction de ces exportations. C’est une très bonne chose que la commission de l’environnement propose cette interdiction, cela pour deux raisons.

Besoin européen de matériaux recyclés

Une interdiction d’exportation garantit que le plastique (précieux) reste en Europe. Cela donne un coup de pouce au secteur européen du recyclage. C’est nécessaire pour le succès de l’économie circulaire européenne, car nous avons de plus en plus besoin de matériaux recyclés. De cette façon, nous réduisons également notre dépendance à l’égard des matières premières vierges. Le réglement sur les emballages présenté le 30 novembre (Règlement sur les Emballages et les Déchets d’Emballages) contient des objectifs en matière de contenu recyclé. Cela signifie que dans les années à venir, les différents types d’emballages en PET devront contenir entre 10% et 30% de matériaux recyclés. Toutefois, ce matériel doit être disponible en Europe. C’est pourquoi il est important d’augmenter la capacité de recyclage des différents types de plastique en Europe. L’interdiction des exportations encourage le marché à travailler à l’augmentation de cette capacité.

L’élimination des déchets en dehors de l’Europe est une question d’éthique

L’interdiction comporte également un aspect éthique. Le transport de déchets plastiques des pays européens riches vers les pays pauvres a de lourdes conséquences pour la population locale. L’impact environnemental ainsi que l’impact négatif sur la santé sont énormes, comme l’ont montré les recherches de l’Agence d’investigation environnementale.

La grande majorité des exportations s’effectue sous la rubrique « recyclage ». Mais les données montrent qu’il existe un écart important entre la capacité de recyclage des pays bénéficiaires et la quantité de déchets plastiques provenant de l’étranger. Prenons l’exemple de la Malaisie : le pays produit lui-même 2,4 millions de tonnes de plastique par an. Elle importe en moyenne 835 000 tonnes. Cependant, les installations de recyclage de Malaisie n’ont une capacité que de 515 009 tonnes. Le résultat ? On ne sait pas ce qu’il advient des 2,7 millions de tonnes restantes ; elles finissent dans des décharges illégales, sont brûlées illégalement ou disparaissent dans une décharge. Les conséquences pour la population locale sont énormes : elle est exposée à des substances toxiques qui se répandent dans l’eau, le sol et l’air, et la quantité de microplastiques dans la chaîne alimentaire augmente.

Recycling Netwerk Benelux estime qu’il n’est ni durable ni éthique que l’Europe expédie ses déchets vers des pays qui ne disposent pas des infrastructures nécessaires à leur traitement, afin qu’au moins nous, en Europe, n’ayons plus à nous en occuper. Nous nous félicitons donc de l’interdiction d’exportation.

Mesures de suivi

Le rapport de la commission de l’environnement devrait être soumis au vote de la plénière du Parlement européen en janvier 2023. L’organisation environnementale Recycling Netwerk appelle déjà la Commission européenne et les représentants des États membres à soutenir pleinement ces règles plus strictes en matière d’exportation de déchets.

*La Belgique et les Pays-Bas sont d’ailleurs en tête du classement mondial des exportations de déchets plastiques. La Belgique représente 4,2 % et les Pays-Bas 5,6 % du commerce mondial de déchets plastiques. Ils exportent donc plus de déchets que des pays comme la France, l’Espagne, le Canada ou le Mexique (Université de Harvard, The Atlas of Economic Complexity).

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