Nouvelle étude : la consigne numérique est une impasse

by Chloe Schwizgebel | 20 octobre 2023

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[Communiqué de presse]

« Ce projet peut être mis au placard : le système exclut de nombreuses personnes et il sera loin d’être prêt à être mis en place d’ici 2025.

Le rapport est critique à l’égard de l’introduction de la consigne numérique en Belgique. Le rapport tire trois conclusions principales :

  1. Il est très peu probable que le système puisse être techniquement mis en œuvre,
  2. La consigne numérique exclue certaines personnes, comme celles qui n’ont pas de smartphone ou les plus démunies,
  3. L’impact positif sur l’environnement est incertain, alors que l’impact de la consigne classique est prouvé.

Chloé Schwizgebel (RNB) : « De nombreuses promesses non fondées sont faites au sujet de la consigne numérique, mais le système ne fonctionne pas actuellement et n’est pas prêt de fonctionner. Le gouvernement flamand ne doit pas se laisser abuser par cette énième tentative de l’industrie d’empêcher l’introduction de la consigne classique. »

Eunomia est un bureau d’étude international qui soutient également la Commission européenne et possède une expertise en matière d’économie circulaire et de systèmes de consigne. Pour cette étude, il s’est entretenu avec des acteurs du secteur des boissons, de l’emballage, du secteur des déchets, des organisations de consommateurs et de protection de l’environnement et des autorités locales.

Pourquoi le système numérique ne fonctionnera pas

Dans son évaluation de la consigne numérique, Eunomia indique que, dans le meilleur des cas, la consigne numérique ne pourra être mise en place avant de nombreuses années. Cela est dû en partie à plusieurs problèmes qui sont loin d’être résolus :

  • Pour les fabricants de canettes, il n’est actuellement pas possible d’imprimer des codes uniques sur les canettes à la vitesse à laquelle les lignes de production fonctionnent. Cela impliquerait des coûts que l’industrie n’est pas prête à supporter (voir page 33).
  • Il n’existe actuellement aucune solution garantie qui exclut la fraude à grande échelle (par exemple, des personnes qui prennent des photos de codes uniques et récupèrent leur consigne sans rapporter l’emballage correctement).
  • Il n’y a aucun moyen de contrôler l’efficacité de la collecte des emballages scannés, ce qui est nécessaire pour garantir le succès du système.

Il s’agit là de trois exemples parmi les nombreux obstacles démontrés. L’étude souligne également les risques d’incompréhension, de violation de la vie privée et de mise en péril du marché unique européen que le système numérique proposé ne peut éviter.

La consigne numérique exclut des personnes

Eunomia soulève également la question de l’acceptabilité pour les consommateurs de ce système qui oblige à scanner des codes QR avec un smartphone pour récupérer sa consigne.
Cela notamment car :

  • Une partie des consommateurs ne veut ou ne peut pas utiliser de smartphones pour récupérer son argent.
  • Les solutions proposées par l’industrie pour réduire la fracture numérique, telles que les scanners à domicile, continueraient d’exclure les touristes ou les personnes en situation précaire, comme les sans-abri. Ils ne résoudraient d’ailleurs pas le problème “on-the-go ».
  • Certaines personnes ne souhaitent pas s’enregistrer pour des questions de partage de données personnelles ou car l’effort n’en vaut pas la peine (pour les touristes par exemple).

Ces risques compromettent l’efficacité et le soutien du système, alors que la consigne classique fonctionne bien et est largement acceptée dans de nombreux pays.

Allons-nous résoudre le problème des déchets sauvages avec un QR-code ?

Eunomia prévient également que ce système de consigne pourrait ne pas être aussi efficace qu’un système classique. Le rapport montre que la consigne classique réduit d’au moins 85 % la quantité d’emballages consignés dans les déchets sauvages. En outre, il indique qu’elle contribue à un recyclage de qualité et est également compatible avec la logistique de retour des emballages réutilisables.

Pour la consigne numérique, aucun de ces effets n’a été prouvé. Le succès dépend fortement du soutien des consommateurs.

La consigne numérique risque d’avoir un impact nettement moindre sur les déchets sauvages car le système exclut des personnes (participation plus faible), et car les emballages dans les déchets sauvages risqueraient de ne plus avoir de « valeur de nettoyage« , puisque le code QR peut être désactivé et la consigne ainsi déjà remboursée. La consigne numérique entraînerait également une diminution du nombre d’emballages collectés et une baisse du taux de recyclage, d’une part à cause de la même exclusion des personnes, d’autre part de la contamination inévitable des emballages collectés, car la collecte devrait se faire en partie par le biais de poubelles publiques.

Chloé Schwizgebel (RNB) :
« L’étude a identifié de nombreux problèmes qui montrent clairement que la consigne numérique est une impasse. La Wallonie et Bruxelles ont déjà opté pour la consigne classique. Il est maintenant important de collaborer avec la Flandre pour garantir le bon fonctionnement d’un système national dans lequel les points de vente rendent simplement leur argent aux consommateurs. « .

Le choix du système de consigne que nous aurons en 2025 reste une décision politique. Nos responsables politiques devraient écouter les préoccupations des villes et des communes. Ils devraient opter pour un système éprouvé qui existe déjà dans nos pays voisins et pour les bouteilles en verre. Ils ne devraient pas opter pour une consigne numérique douteuse.

[Fin du communiqué de presse]

Contact presse :
Chloé Schwizgebel, +31 6 43288231
chloe@fairresourcefoundation.org

Crédit photo: Shutterstock


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